mercredi 2 janvier 2013

La vérité qui court...



Nous sommes malades de progrès. Il y'a hypertrophie du cerveau, les nerfs se développent au détriment des muscles; et c'est cette victoire des nerfs sur le sang qui décide de nos moeurs, de notre littérature, de notre époque entière. Nous ne sommes plus aux siècles derniers, à ces âges classiques de la tragédie, dans le bercement d'une perfection de langage. Nous sommes à l'âge des chemins de fer et des comédies haletantes où le rire n'est souvent qu'une grimace d'angoisse, à l'âge du télégraphe électrique. Tout le siècle est là. Au sortir de la paix monarchique et dogmatique, lorsque le monde et l'humanité ont été remis en question, on a repris l'éternelle étude sur des bases nouvelles, on a fait de surprenantes découvertes, dès les premiers pas. Et l'on a l'âpre désir d'aller toujours en avant, d'aller jusqu'à l'infini et l'absolu. Nous sentons la vérité qui court devant nous, et nous courons.
                 L'Education physique (Lettres parisiennes - La Cloche, 6 octobre 1872)
                                                                                          [ Emile Zola ]

Et que dirait-il aujourd'hui Emile Zola, s'il avait connu - I phone - facebook  - la navette spatiale - le mariage gay - Dr House? 
Je crois deviner ce qu'il dirait: " il est temps d'arrêter de courir, nous sommes essoufflés. Nous sentons  la vérité qui court derrière nous!"
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