mercredi 16 septembre 2015

La Vie où si Boris Pasternak m'était narré!..



Combien d'entre nous cherchant à exprimer leurs pensées le plus fidèlement possible et se trouvent devant une inextricable jungle où le sens prête tellement à confusion qu'on devrait ensuite, une fois les mots couchés, faire face à toutes les critiques, à toutes les attaques, sans pouvoir les faire cesser ni même avoir une chance d'être un peu mieux compris, ni même pouvoir placer un petit bout de mot.

On a beaucoup parlé du sens de la "Vie", chacun y va de sa définition, de son jargon, de son éclairage, de sa philosophie, mais on a toujours ce sentiment qu'on n'est jamais au bout de nos efforts, avec toute la lucidité possible et imaginable.

Parfois, lors d'une lecture d'un texte, subitement on est happé par les mots fluides qui coulent simplement,en s'incrustant  dans le canal; la pensée si bien exprimée, telle qu'on la souhaitait voir écrite et dite, coulant de source, comme on dit!

Voici ce que  le grand poète Boris Pasternak, par la bouche du "Docteur Jivago",  oppose à l'idéologie révolutionnaire, dans le régime soviétique,  sur la Vie :

" Ce n'est pas une définition de la Vie, car la vie est précisément ce qui, en tout être vivant, échappe en dernier ressort à toute définition. Mais ce résidu irréductible de notre connaissance rationnelle, il nous est donné de l'éprouver en nous comme une suprême réalité et la suprême valeur. La Vie, en nous, est ce qui échappe à notre volonté, mais aussi ce qui la fonde. Elle est ce qui ne nous appartient pas, mais aussi ce qui nous a été personnellement confié, et qui n'appartient qu'à nous. Elle est plus vaste que le moi, mais c'est dans notre moi que nous la saisissons  à l'oeuvre. Il n'est pas en notre pouvoir de la transformer; mais il nous est donné d'accomplir en nous son oeuvre la plus haute, à la seule condition de savoir entendre sa voix et lui rester fidèle.
Etre fidèle à la vie, pour Pasternak, c'est veiller à garder intactes les sources vives du langage, et c'est en cela qu'il est poète. La poésie, il la définira un jour comme le langage du fait organique, c'est à dire d'un fait qui comporte des suites vivantes
Cette idée, que d'autres ont formulée en termes d'inspiration ou de subconscient, traduit le sentiment que le langage est poésie par cet élément mystérieux qui échappe à la claire volonté de son créateur, et plonge ses racines dans les régions où la personnalité se façonne en dehors du regard de la conscience. C'est dans la poésie, par le recours au sentiment poétique de la réalité, à l'instinct poétique du langage que Pasternak ne cessera de chercher la vérité.
Etre fidèle à la Vie, c'est être fidèle à soi...."
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