Ces inépuisables accompagnateurs de mes jours Qu'est ce qu'ils m'ont torturé Nuit et jour, dans mon bain, dans le bois Dans la mer, dans les montagnes Dans mes cahiers, sur mon lit Je les rature, je les malmène Ils se bousculent dans ma tirelire Ils jasent et ne m'écoutent souvent pas Ils sont impatients et délicats Ils se torsadent et se contorsionnent Je les reprends encore et je les rature encore Ils ne sont parfaits et heureux Qu'immanquablement raturés Je les tisse, je les enjolive encore Même ainsi ils n'en démordent pas Comme si la rature est inutile et vaine Souvent je baisse ma plume de clavecin Ils se mettent au repos du guerrier Que de malentendus et de souffrance Quand après, dans tout ce fouillis M'apparaît le bout de mon chemin de liberté Frayé à coup de manchette et de plume d'osier Qu'au préalable me paraissait infini et tortueux Mais ainsi finit cette aventure d'avec les mots Qui me désarçonnent et me turlupinent Qu' à la fin ils finissent dans une nasse Et je rends grâce à mes erreurs, à mes ratures De m'avoir appuyé dans mon labeur Pour que l'écriture s'en sorte Saine, sauve et accomplie peuchère!
Tapi dans mon étoile, j'observe les linéaments de ma vie qui ne s'effacent que dans mes rêves. J'attendais le printemps qui me raviverait mes souvenirs libérés, mes images défendues. La vie, ce tout petit pan de l'éternité qui m'a été légué, m'enquiquine parfois de ne pouvoir lister mes desiderata. Pourquoi perdre des parcelles de mes rêves dans la gesticulation de mes péripéties violentées. Comment Dieu ! m'a t-il fait germé sans me prescrire un mémorandum pour les jours déployés. Que de temps volé dans les simagrées, dans les tortueuses escapades nocturnes. Ma vie nette n'est que brindille dans le brut de mes histoires tarabiscotées. J'ai tenu bon dans mes naïvetés abasourdies, j'ai affiné mes billes lancées dans les sillons de ma vie. Je n'ai vu que simulacre, badigeonnage, pour surpasser la nature, pourtant heureuse.La nature maintenant défigurée dans ses entrailles, pleure en silence et maudit le jour de sa naissance. Les idées ont perdu de leur poésie déflorées dans les coques vides de serre. L'homme ne vit plus, il mugit ! il ne rêve plus, il attend ! il ne dort plus, il guette! Dans mes spasmes qui lancinent parfois mes parois cervicales, je reprends tout à zéro, et je redeviens homme nouveau ! Je revois les étoiles silencieuses et brillantes, la lune reprendre sa course dans l'ombrage de la terre. Le cosmos secoue ses oripeaux, la vie reprend ses chants de mélodie et j'aperçois la clarté dans mes rêves inattendus.