vendredi 26 février 2016

Le lys blanc de l'aubaine




Les plumes 49 d'Asphodèle: Les mots retenus
Flânerie, pacager, liberté, baguenauder, circonstance, enthousiasme, prisonnier , errance, prairie, libellule, céleste, nuage, délire,  rencontre, bohème, paria, alouette, gironde, évanescent, agripper.


De toutes les fleurs qui jonchaient mon jardin, là-bas au seuil du ciel étoilé, celle qui m'avait le plus charmé et  enthousiasmé, quand tout était à l'abandonnement, était  le beau lys blanc. Il avait germé d'une graine transportée par une divine étoile nommée libellule qui baguenaudait au gré des circonstances et de ses errances cosmiques, là où naviguaient les éternelles étoiles assoiffées de vie truculente et spatiale. On disait de cette exquise étoile libellule, qu'elle répandait des graines de blé aux extraordinaires qualités gustatives dans toutes les contrées et immensités spatiales.

A vrai dire, j'ai toujours rêvé d'accueillir, un jour, cette sublime  libellule qu'on disait insaisissable et évanescente. Je pensais d'abord que mon jardin profiterait de cette semence de blé céleste aux mille vertus, qui pourrait, dit-on,  nourrir tous les humains en leur donnant un aspect d'une beauté d'anges. 

Par inadvertance, c'était une graine de fleur des dieux, le lys blanc, d'une pureté et d'une senteur grisante et irrésistible, qu'elle m'avait destinée. Elle n'était certes, pas  nourrissante comme le blé céleste, mais elle avait une essence vivifiante et ensorcelante  pouvant donner une vie éternelle et une beauté rien qu'en humant son parfum au délice envoûtant.

On ne vit plus que d'amour, d'eau fraîche et de fragrance sublime, dans mon jardin semé de lys blancs; même mes petites tortues qui en raffolaient, pacageaient en toute liberté, de ces mêmes fleurs de lys comme d'un festin affriolant, en s'agrippant frénétiquement avec leurs pattes antérieures, aux tiges de ces superbes fleurs.

Parfois, lors d'une belle soirée, dans un de ces moments radieux de la stratosphère, quand s'abandonnant à la flânerie alors que les nuages s'amoncelaient et lui cachaient les autres étoiles, la belle et gironde libellule, se sentant prisonnière et étouffée, étendait  subitement ses ailes  d'alouette, comme si elle voulait planer sur une gigantesque prairie interstellaire. Elle décidait, alors, de fendre les nuages dans une atmosphère en délire, chargée d'éclairs, de tonnerre et apparaissait alors dans sa sublime lumière sous le regard admiratif de la lune  incandescente, qui lui promettait, toute joyeuse, ses beaux  rayons clairs pendant toute sa  soirée festive. 

La séraphique libellule mettait pied à terre, s'installait  sur le rebord d'une fontaine près du jardin,  assise en amazone, et commençait alors, à égrener tendrement des notes musicales avec sa harpe enchanteresse qui ne la quittait jamais. S'élevaient alors, telle une mélodie des anges, un émerveillement, un ravissement d'une poétique sérénade que le silence sidéral, incrédule et  maître des lieux, se mettait à s'extasier de cette rencontre homérique du  ciel et de la terre où une idylle pouvait naître d'une vie de bohème, dans ce jardin d'aubaine, comme un moment divin et d'éternité, n'ayant besoin de rien. Et comme disait Balzac:" Ce mot bohème vous dit tout, on peut vivre au dessous de la fortune mais au dessus du destin". Et cela, assurément, est si loin d'une vie de paria.
                        




                               Texte: 478 mots
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